le gouvernement francais trahit les demandes de l'assemblee des citoyens

Le gouvernement français trahit les demandes de l'assemblée citoyenne en utilisant faiblement le terme "écocide".

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Dans un geste inattendu, le gouvernement français a annoncé hier la création d'un nouveau délit d'"écocide" qui semble n'être rien d'autre qu'une application plus stricte des obligations environnementales prévues par la législation existante. Les ministres du gouvernement affirment qu'il s'agit d'une réponse adéquate aux propositions soumises par laConvention Citoyenne pour le Climat au début de l'année.
Cette utilisation du terme est loin de correspondre à ce que le président Macron a laissé entendre dans sa déclaration de soutien en juin, lorsqu'il a promis de défendre la reconnaissance de l'écocide au niveau international, et elle n'aborde pas non plus le cadre plus large des limites planétaires, comme le préconise fortement la Convention.

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Valérie Cabanes, membre du conseil consultatif de la fondation Stop Ecocide et membre du groupe d'experts indépendants pour la définition juridique de l'écocide, devait discuter aujourd'hui de l'évolution de la question de l'inclusion de l'écocide dans le code pénal français, avec des représentants du gouvernement et de la Commission des crimes contre l'humanité (CCC). Elle s'est indignée de l'annonce préventive d'hier.

"Je suis profondément déçu par l'annonce du gouvernement français concernant une loi sur l'écocide. Ce crime contre la sécurité planétaire, dont la reconnaissance a été demandée par l'Assemblée citoyenne pour le climat dans des termes qui font écho à la campagne menée par la Fondation Stop Ecocide, est relégué au rang des crimes environnementaux existants. 

"Les crimes d'écocide devraient désigner des actes de l'ampleur des crimes contre l'humanité ou des génocides, car la destruction de l'équilibre écologique de la Terre menace la survie même de toutes les populations, humaines et non humaines. Le gouvernement français a bien fait de se conformer enfin à la directive de l'Union européenne de 2008 sur la protection de l'environnement par le droit pénal. Mais en aucun cas il ne reconnaît ici un nouveau crime contre la paix et la sécurité humaine qui lui permettrait de s'engager dans une voie responsable de protection des grands écosystèmes de la planète. 

Utiliser le terme "écocide" tout en le vidant de sa substance est un mauvais tour à jouer aux citoyens, en leur donnant l'illusion qu'ils ont obtenu ce qu'ils voulaient".

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Jojo Mehta, président de la fondation Stop Ecocide, est d'accord : "Nous venons de réunir un groupe de rédaction juridique de classe mondiale composé de juristes et de juges spécialisés dans le droit pénal international, afin d'étudier la définition de l'"écocide" en tant que crime international susceptible d'être ajouté au Statut de Rome. Cette définition vise à lutter contre les pires excès en matière de dommages et de destruction de l'environnement : des actes qui menacent les écosystèmes dont dépendent l'humanité et la vie sur Terre.

"Si, bien sûr, toute application des lois environnementales est la bienvenue, cette proposition d'utilisation du terme 'écocide' par le gouvernement français ne va certainement pas faire ce travail, ni encourager les contrevenants à prendre le terme au sérieux. En effet, elle ne reflète pas ce que le président Macron lui-même a décrit lorsqu'il a affirmé devant l'Assemblée citoyenne sur le climat cet été que nous devons "veiller à ce que ce terme soit inscrit dans le droit international afin que les dirigeants ... soient responsables devant la Cour pénale internationale". La répression de quelques infractions en matière de pollution et l'imposition d'amendes n'ont rien à voir avec cette échelle.

"Cela dit, le gouvernement français est l'un des premiers à discuter sérieusement de ce terme, et nous l'en félicitons. Nous sommes convaincus que le rapport du groupe de rédaction indépendant suscitera beaucoup d'intérêt en France lorsqu'il présentera, dans quelques mois, une définition juridique solide du terme "écocide". 


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des juristes internationaux de haut niveau vont rédiger une définition de l'écocide