L'Assemblée des citoyens français vote la criminalisation de l'écocide
Plus de 99% en faveur du crime d'écocide, 63% en faveur d'un référendum national sur le sujet.
À la suite de la crise des "gilets jaunes" l'année dernière, le président Macron a convoqué une "assemblée citoyenne pour le climat" - la Convention Citoyenne pour le Climat (CCC), composée de 150 citoyens français choisis au hasard, et leur a donné pour mandat de discuter et de proposer des politiques pour faire face à la crise climatique.
La CCC vient de voter ses propositions finales. Au premier rang de celles-ci figure le crime d'écocide, destiné à mettre fin à l'impunité des grands pollueurs qui agissent en pleine connaissance des risques pour les écosystèmes. Ce crime est défini à l'aide du concept de "frontières planétaires", développé par l'Institut de résilience de Stockholm et influent sur l'élaboration des objectifs de développement durable des Nations unies. Ce cadre énumère neuf "limites planétaires" liées entre elles (par exemple, les niveaux de CO2, l'acidification des océans, l'intégrité de la biosphère) que nous ne pouvons pas dépasser sans risquer de causer des dommages irréversibles à la capacité de la Terre à soutenir la vie humaine.
Valérie Cabanes, avocate, militante et porte-parole reconnue de la loi sur l'écocide en France et au-delà, a présenté au CCC en janvier la proposition de loi pour laquelle elle avait déjà fait pression. Inspirée par le travail de la regrettée avocate britannique Polly Higgins, Mme Cabanes a consacré de nombreuses années à l'inscription dans la loi de la protection de la nature. Elle est ravie :
"L'approbation de la Convention Climat Citoyenne est le reflet et la voix d'une population française prête à adopter une loi respectueuse des écosystèmes terrestres. La CCC a également proposé que cette loi soit décidée par référendum, afin d'éviter la censure du Parlement, laissant ainsi la population française choisir son propre destin : vivre en harmonie avec la nature et protéger les générations futures - ou non. C'est un pas symbolique et puissant. Nous attendons maintenant que nos dirigeants nous écoutent et agissent conformément à nos propositions.
Jojo Mehta, cofondatrice avec Higgins de la campagne "Stop Ecocide", travaille en étroite collaboration avec Cabanes et d'autres personnes dans le monde pour faire progresser l'idée d'un crime d'écocide devant la Cour pénale internationale. Elle a déclaré aujourd'hui
"Les nouvelles en provenance de France sont phénoménales. Elles démontrent clairement que les citoyens ressentent le besoin urgent d'une mesure de dissuasion applicable pour empêcher la destruction des écosystèmes. Nous sommes convaincus que le gouvernement français réagira positivement et prendra des mesures au niveau national - et profitera même de l'occasion pour montrer la voie au niveau international, où M. Macron a déjà déclaré qu'il estimait que ce crime relevait de la responsabilité de l'État. Macron a déjà déclaré qu'il pensait que ce crime avait sa place (*20h04 dans la chronologie). La balle est déjà dans le camp... les États vulnérables au climat avec lesquels nous avons travaillé ont ont demandé que le crime d'écocide soit examiné par la Cour pénale internationale à La Haye. Ce vote est un grand pas en avant pour la France dans la bonne direction, et il inspirera sans aucun doute d'autres pays".
Elisabeth Borne, ministre française de la Transition écologique, s'est déclarée favorable à la proposition et rencontrera l'assemblée citoyenne demain lundi 22. Le président Macron doit les rencontrer une semaine plus tard, le 29.
Photo ci-dessus :
Valérie Cabanes, experte en droit international (droits de l'homme)
Élisabeth Borne, ministre français de la Transition écologique
Jojo Mehta, cofondateur de Stop Ecocide